Une créatrice de luminaires qui inonde les pièces de fleurs et de bulles, un designer de produit originaire du Midwest industriel américain totalement animé par ses racines, un duo de cousins artistes auteurs de meubles sculpturaux en métal…
Tel est l’échantillon des quelques créateurs américains sélectionnés pour les Rising Talent Awards 2019 organisés par M&O Paris 19.
ALEX BROKAMP
« Je pense que mon design est empreint d’une esthétique ouvrière », déclare Alex Brokamp, un étudiant de 27 ans actuellement en Master de design environnemental au Art Center College of Design à Pasadena en Californie.
L’œuvre qui résume le mieux la ligne di- rectrice du designer est sa table basse Collate, sélectionnée pour l’exposition de l’ICFF Studio dans le cadre du festival NYCxDesign en 2019. Le jeune créateur a utilisé une machine-outil à commande numérique pour graver des volutes concentriques sur le plateau en aluminium, « en laissant le processus de production donner naissance à la pièce », explique-t-il.
BAILEY FONTAINE
Quand Bailey Fontaine arrive à New York après ses études de design de produit à la School of the Art Institute de Chicago, il s’aperçoit très vite que les lignes droites s’insinuent dans son travail. « Je suis sans doute le cent-millième de- signer qui dit être inspiré par les formations naturelles » ironise l’Américain de 23 ans originaire d’une petite ville du Connecticut. Mais il est également le millionième à être influencé par le monde qui l’entoure, et notamment les lignes rigoureuses de sa mégalopole d’adoption. La spécialité de Bailey Fontaine ? Le mobilier sculptural.
Il exerce la profession de chef-mou- leur pour Fernando Mastrangelo, une référence dans ce secteur en voie d’extinction, spécialisé dans la fabrication d’objets fonctionnels réalisés à partir de sable, de sel, de charbon et de sucre. Pendant son temps libre, le jeune designer explore la matérialité du béton, de l’acier rouillé et de l’argile cellulosique dans de nombreux travaux : un lampadaire à l’apparence rongée et filiforme d’une sculpture de Giacometti.
HAROLD
Installé à Brooklyn, le studio de design semble appartenir à un autre temps, et pas uniquement parce que son nom, Harold, évoque un homme tout droit sorti des années 1950. Créée en 2015 par Reed Hansuld et Joel Seigle, tous deux petits-fils d’un Harold, l’entreprise fabrique des étagères pour ranger les vinyles, des pots en céramique pour les jardiniers du dimanche et de nombreux objets en bois tels que des filtres à cigarettes en copeaux d’érable.
« Nous mettons tout en œuvre pour considérer chaque matériau aussi démocratiquement que possible en l’appréhendant non pas pour sa valeur ou sa rareté, mais pour ses qualités esthétiques et pour ce qu’il nous inspire », confie Ben Bloomstein.
Harold Seigle, grand-père de Joel, avait fondé une entreprise de bois de construction qui est toujours gérée par la famille.
« Reed et moi étions colocataires lorsque nous avons créé ce studio. Au début, nous fabriquions des objets qui répondaient à nos besoins personnels », se remémore-t-il. « Nous appartenons à cette génération qui a vécu sans ordinateur, ce qui est incroyable quand on y pense. C’est très difficile de rester en phase avec le progrès technologique », confie Joel Seigle. Leur coup de génie a été de « se rabattre sur les méthodes de fabrication à l’ancienne. »
GREEN RIVER PROJECT
Après avoir fondé il y a cinq ans une galerie qui doit son nom à son emplacement – au bord de la Green River à Hillsdale, une ville de l’État de New York – Ben Bloomstein, 31 ans, qui y a passé son enfance, et Aaron Aujla, 32 ans, originaire de Victoria en Colombie-Britannique, se sont finalement installés à Brooklyn tout en con- servant le même nom pour leur nouvel espace artistique et galerie de design : Green River Project. Formé aux beaux-arts, le duo réalise du mobilier et des équipements sur mesure pour l’architecture d’intérieur d’une clientèle privée. Les deux designers conçoivent également leurs propres créations, au rythme ambitieux de quatre collections par an, qu’ils exposent à la vente au sein d’une galerie située dans l’East Village à Manhattan.
KIN & COMPANY
« Je recommande vivement de s’associer en affaires avec son cousin », déclare Kira de Paola, qui a créé le studio de design Kin & Company avec son cousin germain, Joseph Vidich. « Cela n’a rien à voir avec les partenariats entre conjoints ou frères et sœurs et leurs lots de complications ; c’est le lien familial idéal. » Il y a quelques années, les deux cousins ouvrent une boutique de ferronnerie où ils se lancent dans la fabrication de pièces tectoniques. « Notre travail est devenu plus sculptural », précise Kira de Paola.
ROSIE LI
Dernièrement, les deux cousins sont revenus à leurs racines picturales et artistiques académiques en se livrant à des expériences sur les effets de patine pour créer plusieurs nuances de rouille et de vert-de-gris, et en mariant l’acier et le marbre, comme en témoigne leur table Cre-scent.
Sous des dehors spontanés, le style décoratif de Rosie Li repose sur un rigoureux processus analytique. « Avec la prolifération des réseaux sociaux comme Instagram, on peut voir tout et n’importe quoi et arriver à saturation », explique-t’elle. « Votre esprit peut vraiment partir dans tous les sens. Mais c’est là que le designer joue en quelque sorte un rôle de tamis pour filtrer toutes ces tentatives et autres velléités, et récupérer la substantifique moelle d’une idée. À la fin de la journée, je me demande toujours : qu’est-ce que tu cherches à faire ? quel est ton propos au juste ? » Rosanne Somerson, qui était enseignante à la RISD avant d’en devenir la présidente, indique que « les personnes qui sont attirées par les luminaires sont en général celles qui aiment la sculpture, la technologie et la technique tout à la fois. »
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